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croisade contre les albigeois.

rez ; et je vous recommande de frapper ferme. Pour moi, avec les barons de ma terre dont je connais la valeur, [9065] avec ma compagnie et mes privés, avec ceux de Toulouse en qui j’ai mis ma confiance, avec mon frère Bertran[1], qui est tout prêt, je vous irai secourir avant que vous ayez longtemps soutenu l’effort, et nous sortirons avec honneur de la bataille...[2] — [9070] Seigneurs, » dit le comte, « pour cela[3] ne craignez rien : à la mort ou à la vie, quel que soit votre succès, vous me trouverez à vos côtés mort ou vivant et agissant, car pour cette bataille je suis résolu à y perdre la vie ou à en sortir avec honneur. [9075] Et puisse le fils de la Vierge qui souffrit le martyre reconnaître où est le bon droit, et considérer leurs crimes ! — Voilà bien parler ! » dit le comte de Foix, « et maintenant pensons à engager le combat, et faisons-les attaquer par les hommes les mieux montés. » [9080] Rogier Bernart dit : « Faites savoir à tous que tout homme qui faiblira dans l’exécution de vos ordres sera déshérité pour toute

  1. Fils naturel du comte de Toulouse ; voy. Vaissète, III, 549b.
  2. Il y a évidemment ici une lacune. En effet, on lit dans la rédaction en prose (voir au t. I la note du v. 9069) : « et le comte de Comminges et le reste des troupes feront la bataille », phrase qui manque dans le poëme, et qu’il faut, je pense, modifier ainsi : « feront la troisième bataille », c.-à-d. « formeront le troisième corps ». La division de la cavalerie en trois corps, lorsqu’on marchait à l’ennemi, est de règle au moyen-âge. En outre on va voir le jeune comte reprendre la parole, avec un appel à ses auditeurs (« Senhors », so ditz lo coms... 9070), paraissant répondre à un discours qui nous manque.
  3. « Pour cela » ne s’explique guère que par la supposition qu’un des assistants avait exprimé quelque crainte.