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croisade contre les albigeois.

fer, flèches, saiettes[1], carreaux d’acier recuit [8900] les frappent et les blessent à travers les hauberts de maille, et le sang rougit les cotes et les vêtements de samit[2]. Ceux de la ville[3], quand ils les eurent aperçus, les frappent avec des pierres, avec des carreaux courts. Le Châtelain est comme un furieux : [8905] il se tourne, il s’agite comme un sanglier blessé qui fracasse, qui tranche, qui brise tout ce qu’il atteint ; de tronçons de lances il fait aux siens un rempart. Anselme et Joris se sont escrimés, eux et Rogier de Linières, jusqu’à n’en pouvoir plus. [8910] Inart leur crie : « C’est maintenant qu’on vous fera payer tout le mal et le dommage que vous nous avez faits. Rendez-vous, la vie sauve, avant qu’on vous ait mis en pièces ! » Et ils répondirent : « Qui nous prendrait sous sa sauvegarde[4] ? » Là-dessus ils chevauchent tous ensemble à l’envi [8915] et de tous côtés ils ont envahi les débouchés [de la place], et se sont logés avec eux dans la barbacane. Alors commencent la noise, l’abattage, les cris ; avec les épées, les masses, les lames fourbies, on brise, on taille les verts heaumes brunis[5] ; [8920] mais ce n’est point merveille s’ils[6] ont eu le dessus, car ils ont reçu et donné de tels coups que les os leur en craquent sous les armures. Joris remonte [à cheval] et est sorti au dehors, puis il tombe à terre sous les coups. [8925] Tout autour ils

  1. Flecas e sagetas, l’équivalent manque en français moderne pour le second de ces deux mots.
  2. Voy. le vocab. à ce mot.
  3. Les habitants de Meilhan.
  4. Il manque peut-être ici un vers ou deux.
  5. On pourrait intervertir l’ordre des vers 8918 et 8919.
  6. Les hommes de B. de Comminges.