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croisade contre les albigeois.

compagnie, et je puis vous dire, [8760] si vous voulez m’en croire, comment, en accomplissant le droit, vous pourriez sortir de grand embarras. Si l’Église voulait se laisser adoucir par Merci, la Merci et la ville peuvent s’accorder. Si au contraire l’Église se montre hautaine là où elle doit être conciliante, [8765] Merci se sent froissée, et regrette sa condescendance. Et si vous ne faites pas que l’Église se réconcilie avec Toulouse, beaucoup d’âmes se perdront qui auraient pu se sauver. — Comte, » dit le cardinal, « il en sera autrement quand on se séparera ; car nous nous laisserions briser, écraser plutôt [8770] que de ne les pas faire repentir de la mort du comte. Car, par la foi que je vous dois, je puis vous garantir une chose : c’est qu’ils ne sont pas tellement habiles aux armes ni vaillants dans les combats qu’à la Pentecôte nous n’ayons une telle lutte, que les archanges même en pousseront des soupirs ! — [8775] Seigneurs, » dit le comte, « puisse alors Dieu donner la victoire à ceux qui soutiennent droiture, et faire repentir les autres ! »

La croisade se sépare pleine de haine, car le moment est venu de frapper, car Toulouse se lève, qui voudra protéger [8780] tout Prix et tout Parage, les empêchant de périr ; car le vaillant jeune comte qui fait refleurir le monde, qui rend la couleur et l’éclat à ce qui se ternissait, se met en marche pour recevoir et gouverner les terres, pour attaquer Condom, Marmande[1],

  1. C’est la première fois que Marmande est mentionnée dans le poëme. Cette ville avait été, en 1212, occupée par Robert Mauvoisin (sur lequel voy. ci-dessus, p. 60 n. 1) pour Simon de Montfort, mais peu après elle s’était rendue au roi d’Angleterre.