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croisade contre les albigeois.

main, mènent battant leurs adversaires par toutes les voies. Ils détruisent les retranchements et les approches de telle façon que la défense [des assiégés] se concentre à l’entrée même du siége. [8625] La lutte et le carnage durèrent jusqu’à la nuit obscure, qui sépara les combattants affaiblis. Jamais, depuis que Dieu reçut martyre, on ne vit bataille aussi acharnée entre troupes si peu nombreuses. Au partir de la mêlée, [8630] les uns se retirent pleins de tristesse, les autres pleins de joie. Alors vous eussiez entendu gémir les blessés, réclamer les médecins, chercher les onguents, et crier « Dieu aide ! » à cause des cuisantes douleurs.

Puis les deux partis demeurèrent de longs jours en paix [8635] sans s’attaquer l’un l’autre[1]. Ensuite le cardinal de Rome, l’évêque prisé et les autres personnages se réunirent en conseil secret. Là Gui de Montfort parle et leur dit à huis-clos : [8640] « Seigneurs barons, ce siége n’est que perte, et cette façon de faire nos affaires ne me plaît pas, car nous perdons nos personnes, nos parents, nos chevaux, et maintenant que mon frère est mort, qui les tenait dans

  1. Ni P. de V.-C. ni Guill. de Puylaurens ne font mention de la sortie qui vient d’être contée avec tant de détails, et le premier de ces historiens dit expressément que le siége fut levé peu après la mort de Simon (Bouq. 112 e, 113 a) : « Post paucos autem dies, videns comes novus quod non posset diutius in Tolosa obsidionem tenere... dolens plurimum et invitus ab obsidione recessit. » Post paucos dies est bien court, si le siége fut levé le 25 juillet, un mois après la mort de Simon, comme le relate le poëme (v. 8673). Il ne faut pas perdre de vue que la fin du récit de P. de V.-C., à partir de l’endroit où s’arrête le plus ancien ms. (Bouq. 110 e), est très-écourtée.