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croisade contre les albigeois.

rapide, [8380] Gaudin, Ferrando[1], courageux et vifs, Godafres, Arbois, Henri Campanier, et les hommes de la ville qui frappent de bon cœur. Raimon Izarn s’écrie : « Sus à ces taverniers ! Chevaliers, aux armes ! souvienne vous du conseil [que vous avez reçu[2]]. » [8385] Avec les épées, les lances, les forts carreaux, recommence la lutte, la peine, l’abattage ; mais ceux de la ville firent une si vive résistance que derrière les claies ils maintiennent leur position, et leur abattent à grands coups les cristaux et les ors [des heaumes]. [8390] Ceux du dehors ne peuvent supporter plus longtemps le combat, et abandonnent les abris ; mais alors sur les destriers recommence le carnage si sanglant que pieds et poings et bras volent par morceaux, [8395] et que le terrain est rouge de sang et de cervelles. Sur l’eau combattent sergents et mariniers. Au dehors, à Montoulieu, la lutte est ardente, et Bartas éperonne jusqu’au débouché des portes. Sur ces entrefaites voici que vient vers le comte[3] un écuyer, criant : « [8400] Sire comte de Montfort, vous vous montrez trop.....[4]. Aujourd’hui vous éprouverez un grand échec parce que vous êtes si dévot[5]. Les hommes de Toulouse ont

  1. La forme « Ferrandos » (que j’aurais dû conserver dans le texte puisque, venant à l’hémistiche, elle ne trouble pas la mesure) indique un nom aragonais.
  2. Cf. v. 8345-54.
  3. D’après P. de V.-C. (Bouq. 112 b c), le comte était en ce moment à la messe, et attendit jusqu’après le moment de l’élévation pour aller au secours des siens.
  4. Tenhs e ners, que j’ai substitué à la leçon corrompue talieners, donne un sens assez faible ; il faudrait un mot signifiant lent, paresseux.
  5. Sentorers, formé probablement sur santor. Cette parole semble se rapporter au fait signalé à la note 3.