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croisade contre les albigeois.

jamais unis. À l’aube du jour nous sortirons par les escaliers[1]. »

[8330] Toute la nuit leur ardeur croît. Arnaut de Villemur, dur guerrier, fait armer les meilleurs chevaliers, les bonnes compagnies, les vaillants soudoyers ; [8335] ils garnirent les lisses, les fossés, les plates-formes, d’arbalètes à tour, de bons arcs à main, de carreaux, de flèches, de pointes de fer (?). Au dehors, à la gauche, Estout de Linars, attentif et industrieux, [8340] fit occuper les escaliers, fortifier les sentiers, les débouchés, les chemins de traverse. Et lorsqu’ils furent assemblés, il fut convenu que les hommes de la ville et les seigneurs concourraient ensemble à la prise de la chatte. [8345] Bernart de Casnac, qui sait bien parler, les exhorte et les éclaire par de sages paroles : « Barons toulousains, voici vos ennemis, qui vous ont tué fils et frères, qui vous ont causé maints soucis. Si donc vous les pouvez occire, ce sera pour vous tout avantage. [8350] Je connais la manière des Français fanfarons[2] : ils ont le corps bien garni de hauberts doubles, mais en bas, aux jambes, ils n’ont que les chausses. Et si vous visez aux jarrets et frappez dru, quand la chasse cessera, il y restera du carnage. » [8355] Et ils répondent : « C’est la récompense qu’ils auront. » Et on se dit l’un à l’autre : « Avons-nous assez de compagnons ? » — Ugo de la Mote répond : « Ici il

  1. Les escaliers qui conduisaient des remparts au fossé ; cf. v. 8340. Je place le v. 8331 avant le v. 8330 et corrige ostaliers en escaliers ; cf. 8359.
  2. Bobanciers, cf. ci-dessus, p. 351 n. 2, et Aiol, vv. 1157, 1771.