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croisade contre les albigeois.

chatte ne [vous] vaudra pas trois dés. Et je ne trouve pas que vous soyez sage de la pousser comme vous faites : avant qu’elle revienne en arrière je crois bien que vous l’aurez perdue. — [8230] Foucaut, » dit le comte, « croyez bien ce que je vais vous dire : Par Sainte Marie de qui est né Jésus-Christ, ou j’aurai pris Toulouse avant huit jours, ou j’y mourrai de la mort des martyrs[1]. — Non, vous n’y mourrez pas, s’il plaît à Dieu, » dit Hugues de Lévi[2].

[8235] Cependant à Toulouse le conseil a été formé parmi les personnes notables de la ville ; il s’y trouve des chevaliers et des bourgeois entendus et discrets ; et chacun se disait : « Il est désormais bien temps que la terre soit à eux ou à nous. » [8240] Mais entre les assistants parle et discourt maître Bernart[3], car il est beau parleur. Il est natif de Toulouse et homme savant : « Seigneurs francs chevaliers, » dit-il, « écoutez-moi, je vous prie. Je suis membre du chapitre, et notre consulat [8245] est la nuit et le jour attentif et disposé à exécuter vos ordres. Et puisque croissent et fleurissent l’amour et la concorde, puisque vous défendez et nous et vous-mêmes et le comte et Parage, je veux vous dire, afin que vous y appliquiez [8250] votre esprit, où tendent mes paroles. Acre fut

  1. Cf. plus haut, p. 367 n. 5.
  2. Personnage qui a déjà paru au v. 6062 en compagnie de Gui de Lévi, le maréchal de la foi.
  3. Cf. ci-dessus la note de la p. 346. Le discours de ce citoyen de Toulouse est principalement adressé aux chevaliers du dehors qui avaient apporté leur concours au comte de Toulouse ; voy. surtout vv. 8315 et suiv., et 8342-4.