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croisade contre les albigeois.

pelles, des outils, et il ne reste ni levier (?)[1], ni coin, ni marteau, [8175] ni chaudière, ni cuve, ni pieu. On se met aux travaux, aux portes, aux guichets ; nobles et bourgeois se passent les pierres taillées ; ainsi font les dames, les damoiselles[2], les fillettes, les garçons, les pucelles, les grands et les petits, [8180] chantant ballades, chansons et vers[3]. Maintes fois les pierres des assiégeants tirent sur eux, et les arcs, les frondes leur lancent des pierres, des carreaux qui leur abattent les vases et les cruches qu’ils portent sur la tête[4], et leur rompent manches[5] et ronds[6], [8185] leur frappent les jambes, les mains, les doigts ; mais ils ont si bon courage qu’aucun ne s’en épouvante.

CCIV.

Aucun ne s’en épouvante : au contraire, il leur agrée et leur plaît de faire des abris pour défendre les fossés, [8190] et toute la communauté y travailla avec grande joie. Mais les pierriers du dehors, les arcs bandés, leur jettent tant de pierres et de carreaux empennés, qui tombent dans la foule et les frappent de côté, leur percent jambes, poitrines, bras, [8195]

  1. Autz ?
  2. Femmes mariées non nobles.
  3. Cf. 4012, 5963, 9432.
  4. Les vases où les habitants portaient des matériaux de construction ou des munitions.
  5. Probablement les perches qui servaient à porter des paniers.
  6. Les ronds ou bourrelets sur lesquels étaient posés les fardeaux qu’on portait sur la tête ; voy. Chabaneau, Rev. des l. rom. 2, I, 362. L’art, cabessaletz du vocab. est à rectifier en ce sens.