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croisade contre les albigeois.

nous et eux sera tel le martelage des épées, des masses et des fers tranchants, que du sang et des cervelles nous aurons des gants aux doigts. » — Bernart de Casnac dit : « Seigneurs, voici ce que vous ferez, sans vous effrayer de rien que vous vous voyiez : [8155] voici que vient la chatte avec le château et tout son charroi : plus ils la pousseront près, et plus vous l’aurez belle de la leur enlever ; et si elle vient à la lice, vous la brûlerez et eux avec. » Estout de Linars[1] dit : « Seigneurs, croyez-m’en, et vous vous en trouverez bien. [8160] À l’intérieur de cette lice nous ferons de bonnes parois, grandes et hautes, avec de grands créneaux qui puissent battre d’en haut les fossés et les palissades. Ainsi de toutes parts vous vous défendrez contre eux et ne craindrez aucun engin qu’ils puissent imaginer ; [8165] et s’ils vous viennent assaillir, vous les tuerez tous. » Dalmatz de Creixell dit : « Vous vous en tiendrez à ce conseil, car il est bon et sage et ne vous trompera point, et il y a grande presse que vous vous mettiez tous à la besogne. » — Là-dessus les clairons et les cors font entendre plusieurs sonneries ; [8170] ils courent aux cordes et tendent les trébuchets. Les membres du chapitre, portant de petits bâtons[2], distribuent les vivres, les dons, les largesses ; le peuple apporte des pics, des

  1. « Astorg del Mas », réd. en pr. ; voy. au t. I la note sur le v. 8158 ; mais la leçon du poème paraît assurée, au moins quant au surnom, par une seconde mention du même personnage qui au v. 8338 est appelé « Escotz de Linars ». Il y a dans le Midi plusieurs lieux du nom de Linas.
  2. Comme insigne de leur autorité.