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croisade contre les albigeois.

versal, et en deçà, vers l’eau, un beau mur sur un terre-plein élevé ; [7965] du côté de la Gascogne le pont avec le débarcadère ; et j’aurai les rives, et des vivres[1]. »

Là-dessus viennent par l’eau bourgeois et nautonniers, les cris de guerre, les enseignes[2], les sergents, les archers. Ils s’écrient : Toulouse ! et débarquent sur la grève. [7970] Mais les assiégeants, sergents et arbalétriers recommencent la guerre, le péril, l’abattage ; sur l’eau les défenseurs des tours se battent toute la nuit et le jour.

CCII.

Toute la nuit et le jour se battent sans relâche [7975] les assiégeants, le comte et les Français. Ceux de la ville se sont énergiquement défendus. Le comte de Montfort, dur en toutes choses, entre dans l’eau avec une belle troupe, et par habileté et par force les a tellement poussés [7980] qu’il a enlevé l’autre tour et endommagé le pont ; il y plaça son enseigne et le lion orné d’orfrois. Les hommes de la ville les ont vivement attaqués, par eau et par terre, chevaliers et bourgeois ; et le peuple et les sergents ont réussi à grands [7985] efforts à établir un pierrier à la tête du pont, et avec des pierres rondes et des carreaux turcs[3], ils les blessent, les écrasent, dru et serré. En

  1. Condug et vivier (voy. Du Cange, vivarium) sont ici synonymes, comme au v. 7994 viandas et condutz.
  2. Il faut entendre les crieurs, ou hérauts, et les porte-enseignes.
  3. C’est-à-dire lancés avec des arcs turcs, ou turcois, comme on