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croisade contre les albigeois.

poutre, les chevrons, les portes, les voûtes, les liens et les supports sont de tous côtés renforcés de fer et d’acier. Quatre cents de nos meilleurs chevaliers, [7850] cent cinquante archers bien armés, seront placés par moi dans la chatte, et nous tous à pied nous les pousserons dans le fond du fossé de la ville ; et quand fils et pères[1] seront réunis, à coups d’épée et de masses nous ferons un tel abattage [7855] que nous baignerons mon lion dans le sang et les cervelles. Je mettrai Toulouse en feu et en charbon, ou je recevrai la mort et le martyre ! — Comte, » dit le cardinal, « sainte Église vous ordonne de n’avoir crainte ni doute mauvais, [7860] car elle a pouvoir de vous dépouiller et de vous donner, pouvoir de vous défendre, pouvoir de vous pardonner, et si vous la servez bien, vous en serez récompensé. Combattez donc Toulouse, car il le faut. »

Sur ces entrefaites vient un messager qui leur dit ces paroles : [7865] « Seigneurs, voici venir le puissant comte de Soissons[2], avec une si belle troupe de croisés que vous aurez désormais assez de monde. — Ami, » dit le comte, « ce m’est bel et bon ; allons les recevoir. »

CCI.

« Allons les recevoir, car ils nous arrivent bien à

  1. C’est-à-dire tout le monde ; cf. des expressions analogues, vv. 370 et 2168.
  2. Raoul III de Nesle, comte de Soissons. Voir Art. de vér. les dates, II, 929. — Sa participation à la croisade n’est connue que par ce texte.