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croisade contre les albigeois.

avons pour nous le droit, la ville, courage et notre seigneur. » Mais ce n’est point merveille s’ils se donnèrent peur, n’ayant ni roi ni comte[1] ni personne pour les protéger, sinon Dieu Jésus-Christ qui les aime et les secourt. [7680] Le comte de Montfort et ses adhérents ont planté l’oriflamme sur la tour entourée d’eau. Si fort s’approchèrent les nôtres et les leurs, qu’au milieu du fleuve archers et mariniers se battent ensemble nuit et jour, [7685] et qu’ils se blessent leurs chevaux à l’abreuvoir. Sur ces entrefaites une grande splendeur luit par la ville, les protége, les fait renaître et leur donne du cœur : Bernart de Casnac[2] est venu.....[3] avec bonne compagnie et cœur vaillant, [7690] pour défendre la ville et combattre pour eux. Jamais vous ne vîtes son pareil pour la droiture, ni chevalier d’un mérite plus accompli : il a sens et largesse et cœur d’empereur ; il gouverne Parage et guide Valeur. [7695] Pour rétablir le droit, pour écraser le mal, il est venu par zèle défendre Toulouse et le comte ; avec lui Raimon de Vals qui est de sa parenté, et Vezian de Lomagne[4], un vaillant vavasseur. Les membres du Chapitre, gouverneurs de la ville, [7700] entrèrent avec joie[5] accompagnés

  1. Voy. p. 97 n. 2.
  2. Voy. p. 347 n. 3.
  3. Je n’entends pas al santor que Fauriel traduit, de la façon la plus aventurée, par « vers la Pentecôte ».
  4. C’est le vicomte de Lomagne qui paraît encore au v. 8959. En 1221 il fit à son fils Espan, mentionné ci-après v. 9483, donation de tous les biens qu’il avait dans les diocèses d’Agen, de Lectoure et de Toulouse (Teulet, Layettes du Trésor, n° 1472). Un acte mentionné par Vaissète, III, 294, montre qu’en 1216 encore il reconnaissait Simon de Montfort pour seigneur.
  5. Ils étaient sans doute sortis pour aller au-devant de B. de Casnac.