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croisade contre les albigeois.

pour le délivrer, nous, vous, les autres nous sommes perdus. [7550] C’est pourquoi je redoute fort qu’il nous arrive malheur si nous nous logeons aussi près de la ville. » Le parti auquel s’arrêtèrent les barons fut que, laissant bien un cent de loges et de chaudières, ils reculèrent d’une demi-lieue, [7555] et plantèrent leurs tentes sur le terrain battu[1]. Les barons de Toulouse allègres et joyeux rentrent en la ville.

CXCVIII.

Rentrés en la ville, ils font prévenir Bernart Paraire[2]

    beneficii eum sequitur, sicut unus leporarius ; qui quamdiu fuit in terra illa, nunquam recedens, multa commoda illi tulit, tam in venationibus quem in bellis, etc. » (Labbe, Nova Bibliotheca, II, 293 ; Bouquet, XII, 428 ; reproduit littéralement, sinon d’après le prieur du Vigeois, du moins d’après une source commune, dans le Magnum Chronicon belgicum, Pistorius, Rerum Germanicarum Scriptores, III, 129-30 ; M. Delisle me signale le même récit dans le traité à l’usage des prédicateurs attribué à Étienne de Bourbon, et dans les Flores Chronicorum de Bernart Gui). — On reconnaît dans ce récit une fable qui forme l’un des épisodes du Chevalier au lion de Chrestien de Troyes (éd. Holland, v. 3335 et suiv.) et de Gilles de Chin (éd. de Reiffenberg, p. 130-1), cf. Holland, Crestien von Troies, Tübingen, 1854, p. 161. — Le personnage, parfaitement historique, à qui le prieur du Vigeois fait honneur de cette aventure, est Golfier de Las Tours, seigneur périgourdin, aïeul de Bertran de Born. Il se distingua à la première croisade. Les historiens célèbrent son intrépidité à l’assaut de Marrah (1098) où il monta le premier. Son nom et ses exploits paraissent être restés longtemps dans la mémoire, car un troubadour du commencement du xiiie siècle, Ugo de Pena, fait allusion à une autre de ses aventures (Cora quem desplagues amors).

  1. Paziment ; il s’agit probablement du terrain, sinon pavé, du moins aplani et battu, où était le siége.
  2. Un « W. Bernardus Parator » est, en avril 1215 (n. st.), témoin