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croisade contre les albigeois.

rive. Le comte s’en revient, plein de dépit ; et quand ils furent tous réunis, il dit aux siens avec colère : [7535] « Barons, je ne sais que dire ni pourquoi je suis ainsi châtié : point n’est merveille si j’éprouve une peine amère, quand une gent faillie, qui m’avait prêté serment, m’inflige chaque jour de nouvelles hontes, de nouveaux déshonneurs. Pour nous venger d’eux et refaire mon honneur, [7540] rentrons nous loger dans Saint-Cyprien, et ne fuyons plus d’aucune part ! » Gautier de la Betone lui répond aussitôt : « Par Dieu, beau sire comte, ils nous l’ont bien fait voir : vous n’avez jamais vu meilleurs hommes ni de meilleure graine ; [7545] car ils sont bons guerriers et pleins d’énergie. Ils sont si durs, si sauvages, si féroces, qu’ils ont mis le serpent aux prises avec votre lion. Si vous n’êtes pas Golfier[1]

    en amont de Toulouse, mais les deux bras, afin de se retrouver sur la rive droite, dans le voisinage de leur camp. P. de V.-C. (Bouquet, 111 b) raconte brièvement, mais avec netteté, l’insuccès des croisés : « Quos (ceux qui ont été nommés dans le passage cité ci-dessus, p. 369 n. 3) cum comes nobilis duxisset ultra Garumnam fluvium, ut Tolosa ultra citraque obsideretur, venerunt ad burgum Sancti Çubrani, ut ibi exercitus permaneret. Sed Tolosani, in manu valida exeuntes, dictum exercitum prohibuerunt intrare. Nostri etenim cum equis armatis venire non poterant propter fossata quæ Tolosani fecerant infinita. Unde nostri, licet multi, cum rubore et verecundia abierunt retrorsum, sua figentes tentoria in ripa Garumnæ, longe aliquantulum a dicto burgo. »

  1. Cette allusion trouve son explication dans le passage ci-après de la chronique du prieur du Vigeois : « ... Gulpherius de Turribus, ejusdem (Lemovicensis) diœcesis, vir memoria dignus, qui, cum crebros concursus exerceret in hostes et multa damna de die in diem inferret, accidit una die quod rugitum cujusdam leonis a serpente circumligati audivit, et audacter accedens leonem liberat. Qui, quod admirabile dictu est, memor accepti