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croisade contre les albigeois.

nous tiendrons ces deux siéges si longtemps que nous les prendrons par force ou qu’ils se rendront. » L’ost entière, d’une commune voix, approuve ce parti. [7475] On laissa au siége[1] une solide garnison, et les autres passèrent l’eau à Muret, bien pourvus de vivres et de munitions.

Le comte se leva à l’aube, fit sonner les trompes et armer son monde ; [7480] lui et les siens occupent la place et tous les alentours. Les hauberts et leurs couvertures[2], les beaux écus peints, la clarté des heaumes, les boucles d’argent[3], les chevaux d’Espagne, les chapeaux luisants, les enseignes de soie, les gonfanons teints, [7485] les cors, les grêles[4], les trompettes, le vent, font retentir la rivière, l’eau et l’air. Ils chevauchent fièrement ensemble, sous les yeux des barons de Toulouse. Ceux-ci se partagèrent en deux troupes : [7490] le comte de Comminges qui sait bien se conduire, Dalmatz, Pelfort, Sicart de Puylaurens[5], avec les belles compagnies pleines de jeu-

  1. Sur la rive droite.
  2. Par là l’auteur entend la cotte d’arme, qui dès les premières années du xiiie siècle se portait par dessus le haubert ; voy. Quicherat, Histoire du costume en France, p. 207 ; Douët-d’Arcq, Collection de sceaux, I, XLV a.
  3. Les boucles des écus.
  4. Voy. graile au vocabulaire.
  5. Ce nom se rencontre dans des actes de 1178, 1183, 1191, 1192 mentionnés ci-dessus, p. 121 n. 1. Sicart de Puylaurens est encore témoin, en 1201, à un acte du vicomte de Béziers en faveur de l’église d’Albi (Doat, CV, fol. 129), et on le voit faire sa soumission au roi de France et à l’Église en 1226 (Teulet, Layettes, n° 1786). Évidemment ces actes, qui couvrent un espace de près d’un demi-siècle, doivent être répartis entre deux personnages, le père et le fils. — Le Puylaurens dont les Sicarts étaient sei-