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croisade contre les albigeois.

et Guillaume Melir [1]. [7340] Désormais Toulouse ne peut nous résister ni nous échapper, et vous pouvez lui faire payer cher toutes vos pertes, car voici venir une croisade qui fera du bruit (?) ; car ils sont bien cent mille qui vont la secouer. — Dès lors, » dit le comte, « rien ne peut plus me nuire. » [7345] Et il alla les recevoir et se mettre à leur disposition, et ils menèrent grande joie quand ils se rencontrèrent. « Seigneurs, » dit le comte, « vous aurez tout, car si vous prenez Toulouse, je ne sais mieux vous dire, vous boirez à la fontaine qui ne peut tarir. » [7350] Et ils répondirent : « Ils ne peuvent plus tenir contre nous. » Ils allèrent aussitôt renforcer et compléter le siége. Mais bientôt arrive le moment de combattre ; et toute l’ost ensemble est dans la joie, car le comte de Montfort va accueillir Amauri de Craon[2], [7355] Gillebert des

    de Harnes (Harnes, Pas-de-Calais, arr. de Béthune, cant. de Lens). C’est un personnage bien connu de l’histoire de ce temps-là. On a beaucoup d’actes de lui ou le concernant : 1212 (Teulet, Layettes du Trésor des chartes, nos 982, 1011 = Delisle, Cat. des actes de Ph.-Aug. nos 1355, 1378) ; 1215 (Teulet, 1106, 1122, 1134 = Delisle, 1539, 1580, 1612) ; 1217 (Teulet, 1215, 1222, 1259 = Delisle 1722, 1729, 1771) ; 1226 (Teulet 1906) ; 1229 (Teulet, 2007). Son sceau dans Douët-d’Arcq, n° 2375. Il fut blessé à Bouvines (Bouquet, XVII, 97 a, 259 a). Il fut l’un des partisans du jeune roi Louis durant son expédition en Angleterre (Hist. des ducs de Normandie et des rois d’Angleterre, p. p. Fr. Michel, pp. 169, 198, 201). C’est pour lui enfin qu’en 1207 aurait été exécutée, selon le témoignage de divers mss., une version française de la chronique du faux Turpin ; mais il y a lieu, d’accord avec d’autres mss., de remplacer le nom de Michel de Harnes par celui du comte Renaut de Boulogne ; voy. G. Paris, De Pseudo-Turpino, p. 56-7.

  1. Nom probablement corrompu.
  2. Amauri de Craon était gendre de Guillaume des Roches (sur lequel voyez plus loin, v. 9234), et lui succéda, en 1222, dans la dignité de sénéchal d’Anjou (Bouquet, XVIII, 302 e). Il combattit