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croisade contre les albigeois.

est la source du mal. Mais s’il arrivait que le roi ne pût les conquérir, je ne sais plus quel conseil prendre, sinon de renoncer. [7110] Ce que Dieu décide, saint George l’exécute. — Sire, » dit l’évêque, « puisque vous m’en avez requis, je ferai le message tout droit à Saint-Denis ; et à la Pentecôte, quand la saison reverdit, je vous amènerai un tel nombre de croisés et de pèlerins, [7115] qui apporteront de l’argent, des marcs et des esterlins, Allemands et Français, Bretons et Poitevins, Normands et Champenois, Flamands et Angevins ; et il y en aura tant d’autres entre riches et pauvres, et le siége sera tel, par eau et par terre, [7120] que dans la Garonne il ne restera pas un moulin. Nous ne partirons pas jusqu’à tant que nous les ayons pris, et la ville et le pays seront à nous. — Seigneurs, je ne sais que dire, » dit Hugues de Laci, « car il me paraît que saint Sernin est avec eux, [7125] les protégeant, les dirigeant, à ce qu’il semble, ainsi que leur pays. » Ils parlèrent ainsi jusqu’à la tombée de la nuit ; et, à l’aube du jour, lorsque le jour brilla, l’évêque partit, accompagné de Foucaut de Berzi, de la comtesse et de Pierre de Voisins, [7130] passant par les bois par crainte des bannis.

Dans Toulouse restèrent le puissant comte palatin[1], Bernart de Comminges, Bernart Moltadis[2], le preux

  1. Ce titre, qui n’est sans doute ici qu’une épithète d’ornement, amenée par la rime, comme en d’autres poèmes (voy. G. Anelier, 2800), a été porté par les plus anciens comtes de Toulouse ; voy. Du Cange, Dissertation XIV (Gloss. VII, 63).
  2. Est-ce une faute, pour Montaldis ? En ce cas le personnage ici mentionné pourrait être identifié avec le Bernart de Montaut qui figure aux vers 7616 et 9531.