et d’être hors du sens, quand une gent perdue m’a dépouillé, à ce point que [7065] jamais, si longtemps que je vive, je ne m’en serai assez vengé. Mais, par sainte Marie qui a nourri son fils, si je ne puis trouver moyen de les déconfire, je vois mes affaires et les vôtres compromises et à l’aventure. »
« [7070] Nos affaires sont à l’aventure, et je me croyais si assuré de n’avoir plus à souffrir mal ni guerre, ni peine, sinon du côté de la Provence ; et encore pensais-je bien la conquérir, et abaisser et détruire tous mes ennemis, gouverner mes terres, acquérir assez de puissance [7075] pour me faire obéir de tous par gré ou par force, aimer sainte Église et servir Jésus-Christ ! Maintenant je ne sais plus que dire ni qui m’a ensorcelé : les merveilles que raconte Merlin me semblent se réaliser[1]. [7080] Jamais je n’aurais cru m’abuser à ce point[2] : je croyais être bien sûr et certain que le comte Raimon s’était réfugié chez les Sarrazins, ou dans quelque terre étrangère, que jamais plus je ne le reverrais ici : maintenant je le vois briller d’un nouvel éclat et enflammer maint cœur[3]. [7085] Car