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croisade contre les albigeois.

Alain, « comme vous êtes plein de bonté, [6970] et bon ami du comte, je veux que vous entriez le premier ; et si le comte y est le second, moi je serai le troisième. — Alain, » dit le comte, « il n’en sera point fait autrement, pour cette fois.

CXCIII.

« Pour cette fois il sera fait ainsi : [6975] à l’aube du jour nous serons tous armés de toutes armes, et montés sur nos bons arabes. Nous aurons établi notre embuscade bien à couvert, et les meilleurs troupes et les plus habiles engageront la lutte jusqu’à ce que ceux de Toulouse soient sortis. [6980] Et quand ils seront dehors, répandus par le champ, nous viendrons tous ensemble, en grande force, éperonnant, combattant, frappant, disposés à bien faire, si bien que, partagés entre l’acier et le glaive, avant qu’ils aient pu se reconnaître, [6985] nous entrerons avec eux, en telle force que nous aurons la ville, ou nous y trouverons notre fin. Mieux vaut courir la chance de succomber ou de nous sauver ensemble, que de tenir si longtemps un siége honteux ! — Sire, » dit Amauri, « vous avez bien dit, [6990] et moi avec ma troupe j’engagerai l’affaire. »

Le conseil fini, ils allèrent manger et dormir, et, au point du jour, les uns établirent l’aguet, tandis que les autres font force d’éperons par la plaine unie. Ce

    prous mortz qu’aols vidoira (= vida), Bartsch, Denkmæler der prov. Liter. p. 137, 1, et la note de l’éditeur.