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croisade contre les albigeois.

termes devant les chefs de l’armée : [6880] « Seigneurs, » dit le comte, « grand est mon souci, car il m’est venu de nouveaux sujets de tristesse, de douleur et d’embarras. Moi qui croyais avoir pris le dessus sur mes ennemis, conquérir Provence, et devenir pacificateur, maintenant je suis forcé de reprendre les armes, [6885] car le comte Raimon est venu comme un ouragan, avec le comte de Comminges, le comte Raimon Rogier[1], son fils Rogier Bernart, son cousin Rogier[2], Bernart de Comminges, et maints autres guerriers, les hommes de Toulouse, les sergents, les routiers, [6890] qui m’ont enlevé la ville, massacré mes compagnons ; et c’est là ce qui irrite ma colère, ma douleur et mon désir. Et ce n’est point merveille si mon allégresse s’en va, quand je vois les lièvres tenir tête aux lévriers. — Sire comte, » dit l’évêque, « quel est donc le proverbe [6895] qui dit[3] : « qui aime bien châtie bien[4] ? » Il ne vous sied point d’être irrité ni effrayé, car en peu les points de l’échiquier[5] seront doublés pour vous. Monseigneur le cardinal, qui est à la fois lumière et chandelier, a envoyé par les terres des clercs et des latiniers[6] [6900]

  1. Comte de Foix.
  2. Rogier de Comminges, voy. ci-dessus p. 295 n.
  3. C’est l’interprétation de Fauriel ; mais un autre sens est également possible : « Que veulent dire ces paroles amères (reproviers) ? car ..... »
  4. Hebr. XII, 6.
  5. M. à m. « se doublera le tablier » de même qu’on a dit en français « doubler l’échiquier » (Roman de la Violette, v. 5495), mais l’expression est elliptique ; voy. le v. 7943.
  6. Messagers parlant diverses langues, voy. p. 305 n.