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introduction, § vii.

de Toulouse lui donna la conduite de la guerre qu’il faisait aux princes des Baux[1]. Baudouin s’y distingua ; mais, malgré ses succès, malgré une maladie contractée pendant cette campagne, il n’obtint pas même un apanage digne de sa naissance.

Ces événements se passaient avant la guerre des Albigeois, et par conséquent G. de Tudèle n’en fait pas mention. Toutefois il confirme les paroles de G. de Puylaurens lorsqu’il nous dit que Raimon n’eut jamais d’affection pour son frère, « ne voulut lui rien donner, comme on fait à un frère, ni l’honorer en sa cour[2]. » Si on n’avait que le témoignage de G. de Tudèle, l’inimitié de Raimon pour Baudouin paraîtrait assez justifiée, car la remarque de notre Guillem se produit peu après le récit de la prise de Montferrand, qui, malgré les efforts du narrateur pour présenter les faits sous des couleurs favorables à son patron, n’est pourtant pas entièrement honorable pour celui-ci. On y voit en effet que Baudouin, chargé par son frère de la défense du château de Montferrand, capitula après un premier assaut, et dès lors fit cause commune avec les croisés[3]. Il ne serait donc pas étonnant que Raimon lui en eût gardé rancune. Mais nous avons vu par G. de Puylaurens que la mésintelligence était antérieure à ces événements.

Baudouin, de tiède vassal du comte de Toulouse, étant devenu partisan de Simon de Montfort, prit part à la bataille de Muret, qui pour un temps anéantit les espérances des Toulousains. Mais l’année d’après, au mois de février 1214,

  1. Le traité qui mit fin à cette lutte, au bas duquel figure le nom du comte Baudouin, est de juillet 1210 (Vaissète, III, 196, et pr. n° XCVIII).
  2. Voy. la laisse LXXVII.
  3. Cf. Guill. de Puylaurens, ch. XVIII.