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croisade contre les albigeois.

louse, accomplie en tous biens, chez qui règne Parage, s’accordant avec Merci, comme vous avez bien, à l’aide de droiture, chassé orgueil ! » [6440] Les Français s’en retournent tristes, furieux et dépités, et les barons de la ville sont restés glorieux, car c’est Dieu et droit qui règnent.

CLXXXIX.

C’est Dieu et droit qui règnent en réalité comme en apparence ; orgueil et démesure, tromperie et mauvaise foi [6445] ont été vaincus avec l’aide de droiture, car loyauté a triomphé. C’est que le comte de Toulouse avec son peu de monde, avec heureuse fortune, et avec peu d’armes, a recouvré Toulouse et reçu les serments ; et les hommes de la ville, travaillant avec allégresse à la défense [6450] se sont retrouvés, pleins de joie, sous leur seigneur légitime.

Cependant le comte de Montfort mande les médecins savants pour faire des emplâtres et des onguents, et ramener à la vie les blessés ; et le cardinal appelle les prêtres [6455] pour veiller à l’enterrement des morts. La nuit entière se passa pour eux en soucis croissants, et, au lever du jour le conseil se tint au château Narbonnais, dans la tour antique, en la salle pavée, [6460] devant Gui de Montfort grièvement blessé. Le comte et les ducs et les principaux barons, avec eux la comtesse, parlent en secret : « Seigneurs, » dit le comte, « j’ai bien raison d’être affligé, quand en peu d’instants je vois blessés mes parents, [6465] et ma vaillante compagnie, et jusqu’à mon fils. Si