Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/456

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
324
[1217]
croisade contre les albigeois.

qu’ils n’aient aucune protection à espérer ni d’église, ni de reliques, ni d’hôpital[1] ! Le jugement est rendu, [6300] la sentence a été prononcée à Rome, portant que le fer tranchant doit passer sur eux. Et aussi vrai que je suis saint et digne, bon et loyal, tandis que là dedans ils sont mauvais, parjures et coupables, que sur eux tous descende le glaive meurtrier ! » [6305] Le sermon fini, ils descendent de cheval, et jamais plus belle troupe ne fut vue. Des hauberts et des heaumes où resplendit le cristal, des insignes vermeils et .....[2], des clochettes, de l’or qui orne les poitraux[3] [6310] retentit la campagne et le mur d’œuvre sarrazine. On range les bataillons en bon ordre par les jardins ; dans le Château on munit les remparts et les meurtrières d’arbalètes à tour qui lancent des traits à pointes d’acier. De leur côté les barons de la ville et leur seigneur légitime [6315] fortifièrent les barrières et occupèrent les terre-pleins. En mainte manière ils montrent leurs insignes : les deux croix vermeilles[4] et l’enseigne comtale ; et le long des courtines, sur les échafauds se tiennent les hommes vaillants, forts et sûrs, [6320] portant les guizarmes, les grosses pierres ; et en bas, sur le sol, il en est resté, qui, armés de lances et d’épieux à sanglier, défendront les lisses, et empê-

  1. Cf. v. 6243 et suiv.
  2. Je n’entends pas corplaus, que Fauriel lit corpals et traduit par « bardes des chevaux. »
  3. Voy. p. 212 n. 5. Voir encore sur cette pièce du harnachement les Éléments de sigillographie de M. Douët d’Arcq, en tête de sa Collection de sceaux, p. XLVI b.
  4. Les armes de Toulouse et celles du comte de Toulouse contenaient une croix.