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introduction, § vi.

leurs à remarquer qu’au moyen âge les poèmes historiques n’ont eu en général qu’un succès peu durable, excepté lorsqu’ils embrassaient (comme par exemple le Brut) une période considérable. En outre, il ne faut pas oublier que la chanson de la croisade paraît n’avoir jamais été achevée, et les circonstances, quelles qu’elles soient, qui ont empêché son achèvement, ont dû nuire à sa publication.

Cependant on peut trouver au moyen âge quelques rares traces de notre poème, outre les mss. du texte en vers et de la rédaction en prose. Nous avons vu (fin du § 4) que G. de Puylaurens l’avait probablement connu. On peut aussi constater l’imitation de quelques vers, de quelques locutions, dans le poème de la guerre de Navarre composé, selon toute apparence, aussitôt après cette guerre, c’est-à-dire vers 1277 ou 1278, par un auteur d’ailleurs inconnu, Guillem Anelier de Toulouse. Il s’en faut que tous les cas d’imitation que je vais citer, et dont quelques-uns ont déjà été mentionnés par M. Fr. Michel et Don Pablo Ilaregui dans leurs éditions du poème de la guerre de Navarre, soient également concluants. Néanmoins, on ne peut nier, à considérer l’ensemble des rapprochements, qu’il y ait eu chez Guillem Anelier au moins une réminiscence du poème de la croisade. Je désigne le poème de la guerre de Navarre par Nav. et celui de la croisade par Cr.

Nav., v. 2461. E Dios pes del defendre, à la fin d’une laisse ; même exclamation placée de même dans Cr., v. 5975.

Nav., v. 2462 et suiv., les laisses LVIII à LX, où sont énumérés les défenseurs du bourg de Pampelune et de San Nicolas, me semblent, comme aux éditeurs, imitées de l’énumération analogue qu’on lit dans la dernière laisse de Cr.

Nav., v. 4339 et suiv. :

E fom tant grant la noiza e la brega, beos dig,