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croisade contre les albigeois.

CLXXIII.

Pour faire face aux attaques et pour augmenter leur force[1], et pour défendre leur droit et pour détruire leurs ennemis [5150] parmi le feu et la flamme ils vont s’entreférir, et ils fortifient les barrières par des abattis. Les uns se battent, les autres éteignent l’incendie, tandis que d’autres vont vite saisir les Français qui d’abord s’étaient installés dans la ville. [5155] Ces derniers étaient en grand effroi et en danger de mort. Les Toulousains vont les bloquer dans l’hôtel du comte de Comminges[2], en sorte qu’ils n’en purent sortir. Le comte de Montfort crie, de façon à se faire entendre : « Barons, allons les tâter d’un autre côté, [5160] tout droit à Saint-Étienne, pour voir si nous pourrons leur faire du mal. » Et le comte s’élance avec eux, chargeant avec telle vigueur qu’à l’orme[3] de Saintes-Carbes ils font trembler la terre, ils débouchent par le plan de l’église[4], mais sans pouvoir atteindre personne de la ville. [5165] Les hauberts, les heaumes, les enseignes qu’on agite, les sonneries des cors et des trompes, font retentir le ciel, la terre et l’air. Par la rue droite, juste en venant vers[5] la croix Baragnon, ils les char-

  1. Per lor enantir ; corr. pel lor ? car per lor est encore employé deux fois dans le vers suivant.
  2. Cette habitation paraît avoir été située près du Château Narbonnais, voy. Du Mège, Hist. des instit. de Toulouse IV, 238-9.
  3. « Au long » dans la réd. en pr., mais l’ulmus Sanctarum Carbarum est mentionna en d’anciens titres, selon Du Mège, ouvrage cité, IV, 426.
  4. Saint-Étienne.
  5. Dreitament al venir | De la croix Baranho. Il faut entendre al