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croisade contre les albigeois.

CLXXI.

[4965] Le comte lève le siége plein de colère, ayant recouvré ses hommes et perdu leurs harnais. De plus, il y a tant perdu de chevaux, de roussins, de mulets arabes, sans compter les autres pertes, qu’il y reste abondante pâture aux oiseaux et aux chiens. [4970] Et le château de Beaucaire reste au comte, duc et marquis, parce qu’il est vaillant et sage, habile et courtois, du plus haut lignage, apparenté à la maison de France et à celle du bon roi d’Angleterre[1].

    château, mais aussi par la nouvelle que Toulouse était sur le point de se révolter : « Quid plura ? loquuntur nostri per interpositas personas cum hostibus ; fit talis dispositio, ne compositionem dicamus : ordinatur quod obsessi nostri dimitterent hostibus munitionem Bellicadri, ita quod dimitterent eos adversarii exire cum supellectili sua tota, factumque est ita. Si quis autem consideret hujus obsidionis circumstantias, licet nobilis comes de captione Bellicadri non habuerit victoriam, tamen fidelis nobilitatis et nobilissimæ fidelitatis insignia reportavit. » Et en effet, des contemporains pensèrent que le jeune comte était en situation d’obtenir un succès plus complet. C’est l’opinion que manifeste Bertran d’Avignon (non pas Bertran de Lamanon, comme le dit par erreur Raynouard, Choix des poésies des troub. V, 71, 392) dans une tenson avec Raimon de las Salas. Le débat porte sur la valeur comparative des Provençaux et des Italiens. Bertran, qui prend parti pour ceux-ci, dit : « Raimon, vous leur (aux Provençaux) faites trop d’honneur, car à Beaucaire, sur leur terrain, Simon leur a fait une telle peur — et pourtant ils étaient deux fois plus de monde — qu’ils ont fini par lui rendre sa garnison. » Des extraits de cette pièce se trouvent dans Raynouard, ouvrage cité, et le texte complet dans Mahn, Gedichte der Troubadours, nos 1086 et 1087. Bertran d’Avignon est très-probablement identique au personnage du même nom qui paraît dans le poëme au v. 4239.

  1. Cf. p. 191, note 1.