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croisade contre les albigeois.

chatte, [4755] et au devant d’eux nous disposerons le château et le bélier[1]. À la méridienne, quand nous saurons que là dedans ils reposent, nous nous armerons. Tous ensemble nous assaudrons le portail de la Lice[2]. De toutes manières nous les provoquerons [4760] jusqu’à tant qu’ils nous frappent, et nous les frapperons à notre tour. Nous ferons tant de bruit et de tumulte que les défenseurs de la ville viendront tous de ce côté ; en plein combat nous tournerons bride, et viendrons, nous et notre embuscade, à la porte[3]. [4765] Si nous la trouvons non gardée, nous y entrerons avec eux. Et quand nous serons mêlés dans la ville, avec l’épée ou la masse nous ferons un tel abattage que nous les tuerons tous, ou tous nous y périrons. Et si de ce coup nous échouons, il n’y a plus rien à faire, [4770] sinon d’abandonner la Provence et Beaucaire, ou de conclure un accord avec eux pour la délivrance des nôtres[4]. — Foucaut, » dit le comte, « c’est ce que nous ferons ; et si nous échouons, ce qui n’arrivera pas, nous enverrons un message droit au jeune comte, [4775] lui demandant de nous rendre nos

  1. Qui étaient placés, comme on l’a vu plus haut (v. 4609-11), en face le portail de la Vigne.
  2. Le portail de la Lice, qui eut successivement les noms de Porte du Cancel et de Porte Neuve, était situé au nord de la ville, au pied du château (Eyssette, Hist. de Beaucaire, II, 205). Il devait être difficilement accessible pour les assiégeants, dès l’instant que les assiégés occupaient la Redorte qui le domine (voy. p. 213). Aussi, comme on le verra plus loin (v. 4852), ce n’est pas contre ce portail que fut dirigée la fausse attaque des croisés, mais contre celui de la Croix, situé au sud-ouest de la Lice.
  3. La porte de la Vigne, voir p. 245, n. 1.
  4. Ceux qui sont assiégés dans le donjon.