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croisade contre les albigeois.

comte, « je me tiens pour perdu. [4525] Mon lion se plaint : les vivres lui manquent, la faim le presse et il s’avoue vaincu. Mais, par la sainte Croix, voici venu le jour où il sera abreuvé et repu de sang et de cervelles. — Beau frère, » dit Gui, « béni soit-il[1] ! [4530] car si nous perdons Beaucaire, le lion sera muet, et notre prix comme le vôtre abaissé à tout jamais. Chevauchons en bataille jusqu’à ce que nous les ayons vaincus. » Ceux de la ville[2], lorsqu’ils les virent venir, prirent les armures, les armes, les chapeaux [de fer], les écus, [4535] les haches aiguisées[3], les épées émoulues, les dards, les masses, les bons arcs tendus, et sur la belle place où est le chemin battu, des deux côtés on se frappe, et la lutte commence.

CLXV.

[4540] Quand la lutte commença, le jour était clair et beau, et au milieu des tentes[4] eut lieu la mêlée ; mais d’abord ils font des voltes et des passes d’armes.

    justice », et marque vers le milieu du plateau, à 250 mètres environ du Séminaire, l’emplacement d’une potence.

  1. Je corrige, au v. 4529, be si’ a[pa]regutz, qui se rapporte à jorn du v. 4527.
  2. Castel, mais c’est la ville de Beaucaire qui est ainsi désignée, bien que la même dénomination soit plus souvent appliquée au château proprement dit, à la forteresse dans laquelle étaient assiégés les croisés (v. 3933, 3949, 4560). Toutefois, dans ce dernier cas, l’auteur se sert plus ordinairement de cap del castel (4033, 4124, cf. 2942, 2949, pour le château de Muret) ou de capdolh (voir ce mot au vocab.).
  3. M. à m. « préparées, en état ».
  4. Les tentes de l’armée du jeune comte.