à distribuer [4155] il m’a chassé de Provence et me tient tête. Et par dessus tout, ce qui doit m’étonner c’est que l’Église m’ayant octroyé Toulouse, comme aussi mon oriflamme[1], ils me crient Toulouse ! quand on en vient aux mains ; et pourtant j’accomplis les œuvres, les paroles, les ordres de l’Église. [4160] Et puisqu’il est pécheur et que je suis bien méritant, ce m’est grande merveille comment Dieu peut vouloir son avantage. » Avant tous les autres lui répondit Alain : « Sire comte, tes paroles, ton orgueil, ton ambition nous feront demeurer ici, à court de tout ; [4165] car vous serez vieux et chenu avant d’avoir la ville, la tour ni les parapets. Et il me semble, et aux autres également, que Jésus-Christ ne veut pas que fausseté ait plus longtemps le dessus. Avec cela, si le comte est jeune et enfant, [4170] il est de bonne nature, bon, bel et grand ; il a pouvoir et force et bons défenseurs, il nous détruit, nous abaisse, et fait pencher la balance de son côté (?). Et il est bien d’une race à se grandir et à se pousser en avant, car Richart fut son oncle[2] et Bertran[3] son parent. [4175] Prétendre qu’il est malheureux[4], je dis que c’est un enfantillage, quand, du
- ↑ Ceci est assez elliptique. Je pense qu’il veut dire que son oriflamme, en conformité avec la décision de l’Église, porte les armes de Toulouse ; par suite, ce qui l’irrite particulièrement c’est que ses adversaires ont pour cri de ralliement Toulouse ?
- ↑ Voir ci-dessus, p. 191, note 1.
- ↑ J’ai lu, v. 4174, R. d’après la réd. en pr. qui fait intervenir ici Rolant. Mais la lettre est peu distincte, et on pourrait lire aussi bien B. Bertran, fils de Raimon de Saint-Gilles (l’un des chefs de la première croisade) était le grand-oncle de Raimon VI, père du jeune prince de qui il est ici question.
- ↑ Je rapporte pecaire à fassa (4175), ce qui, pour être correct, exigerait la forme du régime, pecador, mais on peut admettre ici