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croisade contre les albigeois.

le premier. — Il est bien droit et raison, » dit maître Ferrier[1], « que l’on suive vos exhortations. »

Le comte de Montfort passe chemins et sentiers, [4115] et appelle ses partisans et tous les soudoyers de partout où il y en a. Ils chevauchent jour et nuit, malgré l’intempérie, jusqu’à ce qu’il soit arrivé à Beaucaire, où il descend sur la grève[2]. Gui et Amauri[3], Alain et Rogier[4] [4120] y sont venus les premiers avec leurs belles compagnies. Les trompes sonnent pour appeler les derniers. Le comte de Montfort regarda entre les murs et les clochers, et vit ceux de dedans hardis et dispos, et sur le donjon du château est son gonfanon, [4125] et l’enseigne au lion, qui flotte sur les tours. De dépit et de colère il en devint tout noir, et dit à ses hommes de décharger les bêtes de somme, de piquer les tentes et de couper

  1. Peut-être l’inquisiteur Ferrier qui, par la violence de sa persécution, excita une sédition dans Narbonne en 1234 (Ménard, Hist. de Nimes, II, 305, et pr. 73 ; cf. Teulet, Layettes du Trésor, n° 2456), et qui en 1242 excommunia Raimon VII (Teulet, n° 29762).
  2. Probablement au sud de Beaucaire, sur le bord du Rhône, là où aboutit actuellement le canal. C’est dans cette direction, mais assez loin de la ville, que s’étaient établis, comme on l’a vu plus haut (p. 219, n. 2), Gui de Montfort et les siens. — Simon, qui venait de France, dut arriver vers la mi-juillet. Il était le 2 à Pont-sur-Yonne, et le 19 devant Beaucaire ; voy. Molinier, Catal. nos 128 et 129.
  3. « Aimiric » dans le texte, mais bien qu’on voie plus loin (v. 4696) paraître un « Aimeric », parmi les croisés, ce n’est qu’Amauri de Montfort qui a pu être mentionné ici immédiatement à côté de Gui de Montfort.
  4. Rogier d’Andelis, mentionné par G. de Tudèle au v. 840 et par le poète toulousain au v. 7007 ? Ce ne peut pas être Rogier de l’Issart qui avait été pris à Pujols et mis à mort (voy. ci-dessus p. 154, n. 2, et cf. Guill. de Puyl. ch. XX).