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croisade contre les albigeois.

tions, et prend villes fortes, grandes et petites, villages et bourgs[1]. [38701 Mais le comte [Raimon le vieux], le jeune comte, Gui [de Cavaillon], Dragonet, Guiraut Adémar et son fils Guiraudet, eurent ensemble, à loisir, un entretien : « Seigneurs, » dit le comte, « je vais vous dire ce que vous ferez. Je pars pour l’Espagne[2] et vous tous resterez, [3875] et en votre garde demeurera Raimondet. Lorsque besoin sera, vous le conseillerez ; et s’il recouvre sa terre, il vous en reviendra beaucoup d’honneur ; mais s’il la perdait vous en souffririez tous. — Raimon, » dit-il ensuite, « vous vous fierez en ces barons : [3880] mal, bien, joie, peine, succès, vous supporterez tout en commun avec eux. Vous aimerez à tout jamais les barons d’Avignon et leur donnerez largement terre[3] et avoir, car si vous avez [jamais] la Provence, c’est avec eux que vous la conquerrez. [3885] Montrez-vous plein de reconnaissance envers les Marseillais, récompensez-les en biens et en terre, et ce qu’ils vous offrent vous le prendrez simplement ; ainsi vous obtiendrez le secours d’Ancelmet. Pour ceux de Tarascon vous serez toujours dévoué, [3890] prêt à donner et attentif [à leurs désirs] ; et chérissez-les, car si vous recouvrez Beaucaire, ce sera grâce à eux. Au pied de la roche[4] sera

  1. D’après la réd. en pr., c’est Simon qui aurait fait ces conquêtes (voir la note sur les vers 3868-9), ce qui est probablement une erreur de traduction, et en tout cas n’est pas conforme à la réalité.
  2. Pour y chercher du secours ; cf. P. de V.-C. ch. LXXXIII (Bouq. p. 106 e).
  3. Je traduis conformément à la correction proposée dans la note sur le vers 3883, cf. 3886.
  4. Sur laquelle est construit le château. Elle était en effet au-