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croisade contre les albigeois.

trième jour, voici venir un messager, qui salua le comte et lui dit : « Seigneur comte, demain matin ne faites pas long séjour, car l’élite d’Avignon vous attend sur la rive, [3745] et ils sont plus de trois cents qui vous feront hommage. » Le comte à ces mots fut rempli de joie. Le matin, lui et son fils se mettent en route, et quand ils furent si près qu’ils se rencontrèrent [avec la députation] sur le rivage, le comte descendit du bon mulet arabe, [3750] et les trouva à genoux sur la verdure. Le comte les reçut et eux lui avec allégresse. Arnaut Audegier, homme sage et vaillant, né d’Avignon, d’une noble famille, parla le premier, sachant quel est l’usage : [3755] « Seigneur comte de Saint-Gilles, recevez un gage honorable, vous et votre cher fils de légitime lignée. Tout Avignon se met en votre seigneurie ; chacun se livre à vous corps et biens, [vous offre] les clefs de la ville, les jardins et l’entrée. [3760] Ce que nous vous disons, ne le tenez point pour chose vaine, car il n’y a en ceci ni défaillance, ni orgueil, ni excès. Mille chevaliers vaillants, guerriers accomplis, et cent mille hommes pleins de courage[1]... et ont fait serment et garanti par otages [3765] qu’ils poursuivront désormais la réparation de votre dommage. Vous aurez en Provence tous vos droits, rentes, cens, tribut, péages ; personne ne voyagera sans payer le droit de sauf-conduit. Nous garderons les passages du Rhône, [3770] et mettrons le pays à sang jusqu’à ce que vous ayez recouvré Toulouse et votre juste héritage. Les chevaliers bannis sorti-

  1. Voir au t. I la note sur le v. 3764.