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croisade contre les albigeois.

être amélioré. — Sire, » dit l’enfant, « il m’est dur d’entendre qu’un homme de Winchester[1] a droit de partager avec moi. À Jésus ne plaise [3720] que jamais Simon se prenne à partager terre avec moi ! la mort ou la terre, voilà ce que je lui ferai prendre, de sorte que l’un de nous aura le pays entier jusqu’à sa mort. Et puisque je vois qu’il en faudra venir à la guerre, sire, je ne te demande qu’une chose : [3725] c’est de me laisser la terre si je la puis conquérir. » Le pape le regarda, et jeta un soupir, puis le baise et le bénit : « Veille à ce que tu feras, et retiens mes paroles : tout ce qui s’obscurcit, ensuite s’éclaircit. [3730] Puisse Dieu Jésus-Christ te laisser bien commencer et finir, et bonne chance ! » — Le comte sortit de Rome pour accomplir son voyage, et arriva à Gênes ; et je puis bien vous garantir que lorsque son père le vit, il n’alla point le battre. [3735] Ils ne tardèrent pas à se mettre en route, et chevauchèrent gaiement pensant à l’arrivée, jusqu’à tant qu’ils furent à Marseille.

CLIII.

Arrivés à Marseille, ils descendirent sur la rive et furent accueillis avec joie et allégresse. [3740] Le comte prit logis au château de Toneu[2]. Mais, au qua-

  1. Voy. p. 41, n. 2.
  2. Probablement la tour de la douane (anc. fr. tonlieu), anciennement Palatium Tholonei, ou Tholoneum, qui était placée à l’entrée du port ; voy. Méry et Guindon, Hist. de la commune de Marseille, II, 147 et 152.