Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/323

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[1215]
191
croisade contre les albigeois.

sant pape, juste et vrai sauveur, bien que le comte de Montfort t’ait ici envoyé son frère, [3555] et l’évêque Folquet, qui se fait son avocat, malgré tout Simon de Montfort ne recueillera pas un fort héritage, car l’honoré neveu du roi[1] a bien le droit de lui en rogner ; et s’il perd, à tort, la terre de son père, par droit et par raison il la tiendra de sa mère, [3560] car j’ai vu l’acte où le notaire a écrit que la cour de Rome a confirmé le douaire[2]. Et puisque tu es chef et gardien du mariage, l’enfant n’est pas condamné, ni perdu, ni coupable. Et puisqu’il est fils légitime, noble, de bonne origine [3565] et du meilleur lignage qu’on puisse dire, lui faudra-t-il donc aller par le monde, abandonné, comme un mauvais larron ? Alors Parage sera mort, et Merci sans force. — Non, » dit le pape, « car ce n’est pas à faire, et je lui donnerai terre comme il

    Breugap, au lieu d’Ebreu, Gap). La forme qui conviendrait à la langue du poëme serait Ebrezun, lequel, écrit eb’zun, aurait pu aisément être transcrit obezin. La difficulté est ailleurs. Elle consiste en ceci que l’archevêque d’Embrun, Bernart Chabert, qui assista en effet au concile de Latran, fut chargé de porter à Rome la lettre par laquelle les prélats réunis en concile à Montpellier (ci-dessus, p. 169, note 3), priaient le pape de transporter à Simon de Montfort les terres du comte de Toulouse (P. de V.-C. ch. LXXXI, Bouq. 101 ab) ; ce qui semblerait indiquer chez cet archevêque des dispositions toutes différentes de celles que lui prête le poëte.

  1. Le jeune Raimon était petit-fils de Henri II par sa mère Jeanne, et par conséquent neveu du roi régnant Jean Sans-Terre. Cf. v. 3583, et ci-dessus v. 3176. (Dans la traduction, p. 172, une erreur de l’imprimerie a rendu les notes inintelligibles. Voir aux Additions et corrections.)
  2. Le douaire constitué en faveur de la comtesse Jeanne. Nous n’avons plus cet acte.