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croisade contre les albigeois.

et de bonne grâce. [3335] Celui qui retient un dépôt, au nom du droit comme de la raison, il encourt le blâme. — Comte, » dit le pape, « tu as bien exposé ton droit, mais tu as un peu amoindri le nôtre. Je saurai quel est ton droit et ce que tu vaux ; [3340] et si tu as bon droit, quand je l’aurai vérifié, tu recouvreras ton château tel que tu l’as livré. Si l’Église te reçoit à titre de condamné, tu dois trouver merci, pourvu que tu sois dans la voie de Dieu. Tout pécheur mauvais, perdu, enchaîné [dans le péché], [3345] l’Église doit le recevoir lorsqu’elle le voit en danger, pourvu qu’il se repente sincèrement et se soumette à sa volonté. » Puis il dit aux autres : « Entendez cette parole, car à tous je veux répéter ce que j’ai ordonné : que tous mes disciples marchent illuminés [de la lumière céleste ?], [3350] portant feu et eau et pardon et clarté, et douce pénitence, et humilité ; qu’ils portent croix et glaive, signe de la justice, et bonne paix en terre ; qu’ils observent la chasteté ; qu’ils fassent régner droiture et vraie charité ; [3355] qu’ils s’abstiennent de rien faire qui ait été défendu par Dieu. Quiconque en dit plus, ou prêche autre chose, ne le fait pas d’après mon ordre ni avec mon assentiment. » Raimon de Roquefeuil[1] s’est écrié : « Sire droit pape, aie merci et pitié [3360] d’un enfant orphelin, banni malgré sa jeunesse, fils du vicomte honoré qui a été mis à mort

  1. Les ruines du château de Roquefeuil existent encore sur le mont Saint-Guiral, aux limites des communes de Dourbie, d’Arrigas et d’Alzon (G. Durand, Dict. topogr. du dép. du Gard). Raimon de Roquefeuil fit, en termes très-humbles, sa soumission entre les mains de l’archevêque de Narbonne, le 16 mars 1226 (n. s.), Teulet, Layettes du Trésor, n° 1747.