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[1214-5]
croisade contre les albigeois.

misérables et dolents, s’accordent avec Simon, lui prêtent serment, et se soumettent sans réserve à l’Église[1]. Le cardinal[2] envoya à Paris aussitôt vers le fils du roi de France pour qu’il vienne en hâte ; [3115] et il y vint avec empressement et allégresse[3]. Les croisés entrent en masse dans Toulouse, en occupent la ville et les logis, et s’installent avec joie dans les maisons. Et les hommes de la ville disent : « Prenons patience ; [3120] souffrons avec résignation ce que Dieu veut : Dieu, qui est notre protecteur, peut nous secourir. » Et le fils du roi de France, qui consent au mal, Simon et le cardinal et Folquet, d’un commun accord, ont proposé en leur conseil secret [3125] de détruire toute la ville, et puis d’y mettre le feu. Et Simon, homme mauvais et cruel, réfléchit que, s’il détruit la ville, il n’agira pas à son avantage ; qu’il vaut mieux que tout

    l’Hist. de Fr. p. 90). Il aurait même, au dire de Raoul de Coggeshale (l. l.), dont le témoignage est isolé, fait hommage au roi Jean, et lui aurait rendu la ville de Toulouse.

  1. Voir la note 2 de la page suivante.
  2. Ce cardinal, que le poète met souvent en évidence, principalement dans les événements qui précédèrent et qui suivirent la mort de Simon de Montfort, mais qu’il ne nomme jamais, n’est pas, comme l’a cru Fauriel (à la table), « Bertrand, cardinal du titre de S. Jean et S. Paul, » qui n’arriva sur le théâtre de la guerre qu’en 1217 (P. de V.-C. dans Bouq. 108 c), mais Pierre de Bénévent, cardinal du titre de Sainte Marie in Aquiro, légat dans le Midi de la France depuis le commencement de l’année 1214 ; voy. Innoc. epist. l. XVI, ep. CLXVII, CLXX à CLXXII ; P. de V.-C. ch. LXXXII, Bouq. 100 c, 101 e ; cf. Vaissète III, 256.
  3. C’est à Pâques 1215 que Louis, fils de Philippe-Auguste, se rendit dans le Midi, à la tête de nombreux seigneurs. Leur quarantaine faite, ils retournèrent en France. P. de V.-C. (ch. LXXXII) raconte longuement les circonstances de ce voyage et fait connaître les craintes qu’inspira d’abord la venue du prince.