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croisade contre les albigeois.

jaillir le sang : vous eussiez vu la porte toute rougie. [3030] Ceux de dehors, ne pouvant pas entrer, s’en retournent droit aux tentes : les voilà assis tous ensemble au dîner. Mais Simon de Montfort fait crier par Muret, par toutes les maisons, de faire seller, [3035] et de faire jeter les couvertes sur les chevaux, afin de voir s’il sera possible de prendre ceux de dehors au dépourvu[1]. Il les dirige sur la porte de Salles[2] ; et une fois dehors, les harangue ainsi : « Seigneurs barons de France, je n’ai rien à vous dire, [3040] sinon que nous sommes venus ici pour risquer notre vie. De toute cette nuit je n’ai fait que réfléchir, et mes yeux n’ont pu dormir ni reposer ; et j’ai trouvé à force d’étudier que par ce sentier il nous faudra passer, [3045] pour aller droit aux tentes comme pour livrer bataille ; et s’ils sortent dehors disposés à nous assaillir[3], ... et si nous ne pouvons les faire sortir de leurs tentes, il ne nous restera plus qu’à fuir tout droit à Autvillars[4]. » Dit le comte Baudouin : « Allons essayer ! [3050] et s’ils sortent dehors, tâchons de bien frapper, car mieux vaut mourir honorablement que vivre en mendiant. » Là-dessus l’évêque Folquet les bénit, Guillaume de la Barre[5] les ordonna ; il les forma en

  1. L’auteur ne dit pas qu’avant de commencer l’attaque, Simon de Montfort fit porter des propositions de paix au roi d’Aragon (P. de V.-C. 85 e ; Chronique de Jacme I, ch. IX).
  2. Salles est une commune de l’arr. de Muret, à 20 kil. au sud de cette ville, sur la rive gauche de la Garonne.
  3. Lacune ; voir au t. I la note sur le v. 3046.
  4. Sur la rive gauche de la Garonne, arr. de Moissac.
  5. P. de V.-C. (ch. LXXI, Bouq. 85 ab) : « quidam milites, circiter triginta, nuperrime venerant a Francia, .... inter quos erat quidam miles juvenis et frater comitis nostri ex parte matris,