Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[1213]
157
croisade contre les albigeois.

amenés hors de leurs terres. De ceux de Catalogne il y amena la fleur, et d’Aragon nombre de puissants guerriers[1]. Ils pensent bien ne trouver nulle part résistance, [2895] ni champion qui s’ose mesurer à eux. Il manda à Toulouse, à son beau-frère, de venir à lui, avec ses partisans, avec l’ost et les combattants : il (le roi d’Aragon) est prêt à lui rendre sa terre, [2900] [à lui et] au comte de Comminges et à sa parenté ; puis il marchera de vive force sur Béziers, il ne laissera un croisé en château ni en tour de Montpellier jusqu’à Rocamadour, qu’il ne le fasse mourir dans les tourments. [2905] Ainsi informé, le preux comte ne différa point, mais vint droit au Capitole.

CXXXVI.

Au Capitole se rend le comte, duc et marquis[2] : il leur a dit et exposé que le roi [d’Aragon] est venu, qu’il amène une armée, et qu’il a mis le siége : [2910] devant Muret les tentes sont pressées, car avec son ost il a assiégé les Français. « [Il nous demande] de lui porter pierriers et arcs turcs[3] ; et quand la ville sera prise nous irons en Carcassais, et nous reprendrons ce pays, si Dieu le veut ainsi. » — [2915] Ils répondirent : « Sire comte, c’est fort bien si l’entreprise peut être terminée comme elle a été commen-

  1. D’après la Vie de Raimon de Miraval (Parnasse occitanien, p. 224) le nombre des chevaliers amenés par le roi d’Aragon se serait élevé à mille (cf. 2744), qui tous auraient péri, avec leur seigneur, à la bataille de Muret. Cette dernière assertion est fort contestable.
  2. Comte de Toulouse, duc de Narbonne, marquis de Provence.
  3. Voy. le vocabulaire du t. I, au mot arc.