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croisade contre les albigeois.

de grandes barres de fer[1]. Mais les Français se défendent et jettent du feu ardent, de grandes pierres de taille ou autres, dru et serré ; [2850] ensuite de l’eau bouillante sur les armures. Ceux d’en bas, quand ils la sentent, s’éloignent en se secouant, et se disent l’un à l’autre : « La gale est plus douce que ces eaux bouillantes qu’ils nous jettent. » Et les archers lancent dru leurs carreaux [2855] tellement qu’aucun des Français n’ose se montrer, de peur d’être frappé par la joue ou par les dents. Et les pierriers tirent, et leur font tant de mal que personne ne peut se tenir sur les courtines sans être abattu, renversé, obligé de s’en aller saignant, [2860] ou frappé mortellement, sans espoir de guérison. Parapets ni remparts ne leur servent de rien ; si bien que les chevaliers de Toulouse se sont écriés à haute voix : « Courons-leur sus, bourgeois, voilà qu’ils en ont assez ! » Aussitôt ils envahissent la ville et toutes les places ; [2865] et il n’y reste Français, pauvre ou riche, qui ne soit pris sans distinction. Ils furent passés au fil de l’épée ou pendus. Il y avait bien parmi eux soixante chevaliers, puissants, preux, bien élevés, [2870] sans compter les écuyers et les sergents de guerre[2]. À ce moment vient un messager qui n’est

  1. M. à m. « de grands ferrements ».
  2. P. de V.-C. ne désigne pas nominativement Pujols, mais il fait un récit qui paraît bien se rapporter à la prise de ce château. Au ch. LXIX (Bouq. 80, b) il écrit que certains chevaliers croisés, « scilicet Petrus de Sissi (cf. v. 2618), Simon li Sesnes (assurément celui que mentionne G. deTud. au v. 1145), Rogerus de Sartis (voy. p. 45, note 3) », obtinrent de Simon de Montfort la permission d’occuper une petite forteresse en mauvais état qui était voisine de Toulouse. Puis, au ch. LXX (Bouq. 81, d e) il expose ainsi comment cette forteresse fut prise : « Videntes autem Tolosani et alii