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croisade contre les albigeois.

CXXXI.

Avant que la guerre s’arrête et ait pris fin, il y aura maint coup donné, mainte lance brisée ; maint gonfanon neuf sera planté par la prairie, mainte âme sera arrachée du corps, [2755] et mainte dame veuve ruinée.

Le roi Pierre d’Aragon part avec sa mesnie. Il a mandé toute la gent de sa terre, tellement qu’il en a rassemblé une belle et grande compagnie. À tous il a déclaré [2760] qu’il veut aller à Toulouse combattre la croisade qui dévaste et détruit toute la contrée. Le comte de Toulouse lui a demandé merci, que sa terre ne soit ni brûlée ni ravagée, car il n’a tort ni faute envers personne au monde. [2765] « Et comme il est mon beau-frère, qu’il a épousé ma sœur, et que j’ai marié mon autre sœur à son fils, j’irai les aider contre ces misérables qui veulent les déshériter. »

CXXXII.

« Les clercs et les Français veulent déshériter [2770] le comte mon beau-frère et le chasser de sa terre sans tort ni faute qu’on puisse lui imputer : parce que c’est leur bon plaisir, ils le veulent déposséder. Je prie mes amis, ceux qui veulent me faire honneur, de penser à s’apprêter et à prendre les armes, [2775] car d’ici à un mois je passerai les ports[1] avec toutes mes compagnies, qui me suivront. » Et ils répondirent : « Sire, c’est

  1. Les défilés des Pyrénées.