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croisade contre les albigeois.

avaient pris, et gagna sur eux chevaux et roncins. Une autre fois ils coururent le pays vers Castel-Sarrazin, mais je vous donne ma parole [2715] que du sien ils n’emportèrent pas la valeur de deux poitevines[1] : ils furent déconfits, et obligés de se jeter dans le Tarn. Guillaume de Contre eut un cheval blessé de cinq ou six dards, et fut renversé à terre sous les yeux des siens. En homme vaillant [27210] il mit la main à l’épée, et s’élançant en avant, il pousse son cri de guerre[2] : Paris ! Messire Morel pique son destrier de prix, et tous les autres ensemble y vinrent, courant à la mêlée, n’étant pas sûrs de le pouvoir délivrer, [2725] et [craignant] qu’on le leur enlevât. À haute voix il crie : « Dieu aide ! » et « saint Denis ! » Là vous auriez vu maint écuyer occis, dans la mesnie [de Guillaume], et le bailli[3] y fut blessé. Guillaume monte sur un cheval hennissant, [2730] et frappe sur les routiers, tellement qu’il les déconfit, jusqu’au Tarn ; puis il rit de sa chute.

CXXX.

Seigneurs, Dieu fait force grâces et miracles pour Guillaume de Contre, qui se donne tant de peine [2735] que tout homme qui l’a vu une fois lui veut du bien. Certes, de Bourgogne il n’est pas venu en ce pays, et il ne viendra jamais un homme plus preux, à moins d’être plus riche ou plus puissant[4]. J’en reviens à mon

  1. Monnaie de valeur minime : Du Cange, picta 3 ; cf. Huon de Bordeaux, v. 4960-2.
  2. M. à m. : « Il cria hautement son enseigne de Paris ». Cela n’est pas clair.
  3. De Castel-Sarrazin ?
  4. L’auteur paraît mettre la puissance, le rang, au nombre