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croisade contre les albigeois.

joint à eux et avec B. Jordan de l’Isle[1]. Celui-ci resta en sa ville[2] ; les autres poursuivent leur chemin, [2670] et de l’Isle, où ils avaient couché, se dirigent vers Verdun où ils ont dîné. Le lendemain les routiers se sont mis en chemin. Ils coururent jusqu’aux fossés de Castel-Sarrazin, prenant force brebis et butin. [2675] On les a estimés à plus de mille cavaliers. Le bruit ne s’en était pas plutôt répandu par le pays, que Guillaume de Contre s’est armé, ainsi que messire Morel, qui chevauche à ses côtés, et Perrin de Saissi qui s’est vite apprêté [2680] Ils ne sont pas plus de soixante, une fois sous les armes. Si peu nombreux qu’ils aient été, ils les ont mis en déroute et poursuivis jusqu’à Montauban, tellement qu’il y en eut assez de noyés dans le Tarn. La nuit les a dérobés à la poursuite, contrariant les croisés, [2685] outre que les chevaux de ceux-ci étaient très-fatigués de courir. Ils délivrèrent les prisonniers et leur ôtèrent leurs liens, et recouvrèrent le butin[3].

  1. Ce seigneur paraît avoir été assez longtemps le partisan de Simon de Montfort, ou du moins avoir gardé la neutralité. En juin 1215 encore, il est présent à l’hommage prêté par le comte de Fézensac et d’Armagnac à Simon de Montfort (Molinier, Catal. n° 105). En décembre 1217, au siége de Toulouse, le comte de Fézensac et d’autres seigneurs se portent garants auprès de Simon, de la fidélité de B. Jourdan, dès lors suspect, paraît-il (id. n° 148). En effet, après la mort de Simon de Montfort, nous le voyons se déclarer pour le jeune comte (v. 8543, 9535). Il était neveu du comte de Foix ; voir plus loin la note sur le v. 3262.
  2. Le sens est que B. Jordan reste à l’Isle qui était sa ville. Le texte est mal rédigé et obscur ; Fauriel rapporte le el du v. 2669 à Guillaume de Contre et non pas à B. Jordan, mais cette interprétation ne convient pas à la suite du récit.
  3. C’est probablement à cette affaire que se rapporte le passage ci-après de P. de V.-C. (ch. LXV, Bouq. 71 d) : « Dum hæc agerentur apud Apamias, hostes fidei, a Tolosa egressi, discurrere