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croisade contre les albigeois.

pour deniers.....[1] et va occire et malmener ceux de Moissac, [2505] et leur ville fut prise.

CXVIII.

Je ne sais si ce fut péché qu’après la prise de Penne[2] les bourgeois de Moissac ne voulurent traiter en aucune façon, ou si l’accord n’eut pas lieu pour que justice fût faite[3] : ils ne croient point que de leur vivant la ville soit prise, [2510] eux ni les gens de Toulouse qui étaient entrés dans la place et chaque jour les exhortent et les excitent. L’archevêque de Reims[4], revêtu d’une peau de gris, était assis dans sa tente sur un coussin noir. Avec lui le comte de Montfort et le chantre de Saint-Denis ; [2515] la comtesse y était, assise en face d’eux, et maint autre baron placé à leurs côtés, et Guillaume de Contre, que Dieu aime et prise, et Pierre de Livron qui prie avec ferveur en église, et Lambert de Limoux[5] qui porte, [2520] à cause de la chaleur, une chemise faite en Frise. Ces gens-là conseillèrent d’assiéger la ville, et y firent venir l’ost.

  1. Même observation ; voy. au t. I la note du v. 2502. Il faut sans doute suppléer que l’armée croisée, quittant Castel-Sarrazin, se mit en route. P. de V.-C. ne mentionne pas la reddition de cette place.
  2. Ci-dessus, v. 2415 et suiv.
  3. Je paraphrase : m. à m. « si [cela, c.-à-d. l’accord] n’eut pas lieu (remas) pour justice.
  4. Aubri Humbert de Hautvilliers, Gall. Christ. IX, 104. Il était arrivé à l’ost le lendemain de la prise de Penne (P. de V.-C., ch. LXIII, Bouq. 65 c).
  5. Voy. p. 44, note 2.