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croisade contre les albigeois.

éviter tout reproche. [2485] Ils savent bien que si le comte peut recouvrer sa terre et conclure un accord avec le pape, ou que si le roi d’Aragon est assez puissant pour vaincre les croisés et les repousser en champ de bataille, qu’alors il (le comte de Toulouse) les recouvrera sans nul retard. [2490] Dans ces conditions, ils ne veulent pas se faire occire et tuer. Des bourgeois d’Agen, qui les premiers se rendirent[1], ils prirent cet exemple que vous m’entendez conter. De deux maux on doit toujours choisir le moindre[2]. B. d’Esgal a dit[3] : « Si tu passes par un sentier, [2495] et que tu voies ton compagnon tomber en la fange[4],.... et si tu passes un gué, tu ne dois pas marcher le premier, mais tenir le milieu, de telle sorte que si tu vois personne se noyer, tu puisses aussitôt revenir sur tes pas. » C’est pourquoi, Dieu me pardonne ! ils ne sont point à blâmer, [2500] car leur garnison, sur laquelle ils devraient compter, Giraut de Pépieux et tous ses chevaliers, sortent du château au dehors, sur la grève : il dit qu’il n’y resterait pas pour or ni

  1. G. de Tud. ne nous a rien dit de cette capitulation des habitants d’Agen, peu en accord avec les sentiments qui leur sont attribués au v. 1413. P. de V.-C. place cet événement avant la prise de Penne, c.-à-d. au commencement de juin 1212 : « Assumens igitur de militibus exercitus secum quos voluit, perrexit Aginnum, exercitu in loco in quo erat ejus reditum expectante, perveniensque Aginnum honorifice est susceptus. Insuper et cives, constituentes eum dominum suum, præstito sacramento fidelitatis, tradiderunt ei civitatem » (ch. LXIII, Bouq. 63 a).
  2. Le Roux de Lincy, Livre des prov. II, 281.
  3. Nous ne savons rien de cet auteur, présenté ici comme moraliste.
  4. Le sens reste interrompu comme s’il y avait une lacune après le v. 2495.