grands mangonneaux, qu’ils le font presque effondrer. Il y a dedans nombre de chevaliers, de routiers, de Navarrais. [2425] Ugo d’Alfar le tenait pour le comte. Certes, s’ils avaient eu de quoi boire et de quoi manger, les croisés ne les auraient pas encore pris et n’y auraient pu entrer ; mais la chaleur est excessive, et ils (les assiégés) ne la purent endurer. La soif les étreint tellement qu’ils en sont malades, [2430] et les puits sont séchés, ce qui les remplit d’épouvante ; et ils voient l’ost s’accroître chaque jour, bien loin de diminuer, car ils y voient arriver le comte Gui[1] et Foucaut de Merli[2] sur un cheval liard, et son frère Jean avec un mantel gris et vairé, [2435] et le chantre de Paris[3] qui sait bien prêcher, et foule d’autres barons que je ne vous sais dire ; tandis qu’ils ne savent trouver secours nulle part. Il leur fallut, quoi qu’il leur en coutât, rendre le château, que le comte de Montfort fit ensuite renforcer [2440] et consolider de tous côtés à l’aide de chaux et de mortier. Je ne veux pas parler des luttes qui eurent lieu là (devant Penne), car la chanson est longue et je ne veux pas me retarder ; j’ai coupé mon récit et je veux y revenir.
Quand le château fut pris, ils n’y voulurent pas séjourner, [2445] sinon le moins possible ; ils font démonter les tentes et les pavillons, et charger sur les chars ; puis ils s’en vont à Biron qui est là-bas près de