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xiv
introduction, § iv.

caractère. Son récit, incomplet, décousu, mal proportionné, dénué de précision, parfois même d’exactitude dans l’indication des dates, ne supporte pas la comparaison avec celui du moine de Vaux-Cernai. Il est cependant très-précieux pour deux motifs. Pierre suit les événements comme on peut les suivre du camp des croisés ; il sait bien ce qui se passe chez les siens, mal ce qui se passe chez l’ennemi. Guillaume, au contraire, a quelques informations particulières et puisées à bonne source sur les sentiments et sur les actes du comte de Toulouse et, en général, des adversaires de la croisade. En outre, Pierre s’arrête à la levée du siége de Toulouse, en juillet 1218, tandis que Guillaume, ayant poussé sa chronique jusqu’en 1272, embrasse, et bien au-delà, toute la durée de la croisade.

Guillaume, chapelain de Raimon VII pendant les sept dernières années au moins de la vie de ce prince (✝ 1249), témoin en des actes, de 1223 à 1249[1], et conduisant sa chronique jusqu’en 1272, peut assurément avoir assisté dans sa jeunesse à quelques-uns des événements de la croisade de Simon de Montfort, puis de son fils Amauri. Mais il n’en laisse rien paraître dans son écrit, où il ne se donne nulle part comme témoin oculaire, sinon, dans son prologue[2], d’une façon vague et sans référence à aucun fait particulier. Il y a là une cause d’infériorité qui est atténuée dans une grande mesure par la valeur des témoignages qu’il a recueillis. Il a visiblement cherché à se renseigner, et il a pu consulter nombre de personnes qui, comme acteurs ou spectateurs, s’étaient trouvées mêlées aux événements. Ainsi, ce qu’il nous dit de la conférence de Montréal[3], entre catho-

  1. Histoire littéraire, XIX, 186.
  2. « De his vel que ipse vidi vel audivi e proximo, duxi aliqua in scriptis posteris relinquenda. » Bouquet, XIX.
  3. Ch. ix.