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[1211]
croisade contre les albigeois.

C.

Le comte de Montfort, qui était à Castelnaudari pendant qu’on combattait à force et à vertu[1], fait armer les siens qui sont venus avec lui : [2175] il leur dit que leurs compagnons, qui sont hors la ville, et monseigneur Bouchart, ont perdu leur convoi. Il sait bien en son for intérieur, que s’ils sont vaincus, il a perdu toute la terre et le château, qu’il y sera (dans le château) pris et bloqué, [2180] et que jamais il n’en sortira jusqu’à sa complète défaite. Le plus vite qu’il put il est sorti, muni de toutes ses armes, de la lance et de l’écu. Les hommes de pied qui sont dans le château le défendront jusqu’au retour du comte et des siens.

CI.

[2185] Le comte de Montfort et ceux qui étaient dans le château allèrent à la bataille leurs bannières déployées. Et ceux qui restèrent à l’intérieur fermèrent bien les portes, et, s’il leur avait été besoin, se seraient bien défendus. Quand ceux de l’ost les virent, ils furent saisis d’effroi : [2190] ils savent bien pour la plupart que dès lors ils sont vaincus. Voilà ce qu’ont fait les routiers qui ont pillé le camp[2]. Nos barons français s’écrièrent tous « Montfort ! Sainte Marie, à l’aide ! »

  1. Je conserve cette locution qui est si fréquente dans nos chansons de gestes ; cf. p. 33, note 3.
  2. Cf. v. 2153 et suiv.