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croisade contre les albigeois.

Un chevalier de là[1], Giraut de Pépieux[2], qui est avec le comte de Foix, l’un de ses meilleurs barons, [2110] pique le destrier des éperons tranchants : il trouva un compagnon de Bouchart, un Breton, au milieu du chemin, au sortir d’un petit bois : il le frappa au travers de l’écu, lui perça les fesses[3], le pourpoint et l’hauberc, tellement que derrière par les arçons [2115] il lui mit un tronçon de la lance ; le pennon en fut sanglant. Celui-là tomba mort à terre sans confession. À cette vue, les Français furent très-irrités ; ils courent à la rescousse, irrités comme des lions, et comme vaillants guerriers.

XCVII.

[2120] Les Français éperonnent comme vrais barons, poussant en avant tant qu’ils peuvent, sur le penchant d’une vallée. Monseigneur Bouchart tenait une bannière de cendal[4] où était peint un lion, et montait un cheval qui, à dire le vrai, valait plus de cent livres. [2125] Là, en cette route par où on va à Montréal, tous ensemble ils frappent sur les routiers

  1. « De là » c.-à-d. du parti opposé à celui où se trouve le narrateur.
  2. Cf. v. 940.
  3. J’entends brazos au sens de l’anc. fr. braon ; dans la seconde partie du poëme, où ce mot revient plusieurs fois (voy. le vocabulaire), il ne semble pas qu’aucun autre sens soit admissible (sauf p.-ê. au v. 7255). Toutefois, si le Breton en question est frappé ou braon, il est singulier que son bouclier soit d’abord percé, ce qui semble indiquer une attaque de face ou de biais. Quoi qu’il en soit du sens de brazos, on ne peut guères admettre « brassard », traduction de Fauriel.
  4. Sorte de soie.