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croisade contre les albigeois.

XC.

Le comte de Montfort convoqua ses barons. [1980] Un jour il était à Carcassonne, comme dit la chanson, autour de lui [il avait] bien cent compagnons qui étaient bons aux armes, hardis comme lions : « Seigneurs, » leur dit-il, « écoutez mes paroles : le comte de Toulouse a mandé ses hommes, [1985] de toutes ses terres et [ceux] de ses compagnons[1]. Ils sont plus de deux cent mille, selon ce que me dit un damoiseau que m’envoya comme messager le bailli de Limoux[2]. Ils se forment à Montferrand et là-bas vers Avignonet[3], et ils veulent m’assiéger, si grande est leur hardiesse ! [1990] en quelqu’endroit qu’ils me trouvent, en aval, en haut ou en bas. Je veux avoir votre avis ; quel le me donnerez-vous ? que me conseillez-vous ? »

    montre Simon envoyant Gui de Levis et Mathieu de Marli à Carcassonne, à Béziers, pour avoir du secours, « sed cum perversi homines et jam vacillantes nollent eos audire, etiam tunc Aimericum dominum Narbonæ et cives Narbonenses adierunt, rogantes et monentes ut ad adjuvandum comitem festinarent. Responderunt cives Narbonenses et dixerunt Marescallo quod si Aimericus, dominus eorum, iret cum eis, ipsi eum sequerentur ; ipse vero nullo modo, utpote vir argutissimus, potuit ad hoc induci. » Finalement les envoyés du sire de Montfort ne purent tirer de Narbonne plus de 300 auxiliaires, et de tout le Carcassais, plus de 500, qui bientôt refusèrent de marcher : « sed omnes statim ad propria refugerunt. »

  1. C.-à-d. « de ses vassaux ».
  2. Lambert de Créci, puis de Limoux ; voy. p. 44, n. 2.
  3. Avinhos ; il ne peut pas être ici question d’Avignon dans le Vaucluse, quoique Fauriel n’y ait point vu de difficulté. C’est Avignonet, c. de Villefranche (Haute-Garonne).