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croisade contre les albigeois.

Martin Algai[1] ; et là-bas en Narbonnais il envoya pour Aimeric, afin que chacun vînt. Et ils viennent tous : ils n’osent s’en défendre, dès que le comte de Montfort le leur a commandé[2].

  1. P. de V.-C. nous apprend (fin du ch. LVI) que ce personnage était espagnol. D’abord partisan des croisés, nous le voyons bientôt lâcher pied, probablement par trahison, dans un combat contre le comte de Foix (v. 2145). Plus tard il est décidément au service du comte de Toulouse qui lui confie la défense du château de Biron. Il y est pris et mis à mort par ordre du comte de Montfort (v. 2454 et suiv.). C’est à cet individu que fait allusion le troubadour Ugo de Saint-Cyr dans la pièce où, s’adressant au vicomte de Turenne, il lui dit qu’en sa compagnie on ne souffre pas moins qu’en celle de Martin Algai (Mahn, Ged. d. Troub. n° 1144 ; cf. Diez, Leben u. Werke d. Troub. p. 415). Ce Martin Algai était vraisemblablement le seul subsistant alors de quatre frères auxquels Bertran de Born fait une allusion fugitive au dernier vers de sa pièce « Al dous nou termini blanc » (Raynouard, Choix, IV, 172) disant que le roi Richard est plus porté à la guerre qu’aucun des Algais. L’exposition (la « razos ») de cette pièce nous fournit à ce propos un précieux témoignage : « Les Algais étaient quatre frères, grands brigands et gens de proie, qui menaient à leur suite bien mille brigands à cheval et deux mille à pied, et ne vivaient d’autre rente ni d’autre poursuite. » (Choix, V, 95.) Mathieu Paris (Hist. major, an. 1196, Wats, p. 182/24 ; Luard, II, 421) mentionne, comme étant à la solde de Richard Cœur de lion, les routiers « Markadeus, Algais et Lupescarus, natione Provinciales ». En 1203 une lettre circulaire de Jean sans Terre le qualifie de sénéchal de Gascogne et de Périgord (Rotuli litteratum patentium, I, 28 b). Martin est le seul des Algais sur la fin de qui nous soyons exactement renseignés. Il est probable que le sort des trois autres ne fut guère moins misérable, car Peire Cardinal, dans une pièce qui paraît se rapporter à la mort de Baudouin frère de Raimon VI (voy. Diez, Leben, p. 457), prie Dieu d’abaisser et de détruire les traîtres comme il a fait à l’égard des Algais (Raynouard, Choix, IV, 362 ; Parn. occit. p. 315).
  2. Ceci ne paraît pas très-exact, surtout en ce qui concerne Aimeric de Narbonne. P. de V.-C. (ch. LVI, Bouq. 53 b) nous